Gouvernance

La révision de plusieurs parties de la Loi sur l’éducation (« Loi ») est un exercice nécessaire à la revitalisation de plusieurs secteurs d’application de la Loi et l’AFOCSC sera un partenaire dans la réalisation de ces changements vers l’excellence. Le projet de loi 98 touche effectivement une multitude de secteurs incluant : la petite enfance, l’éducation, l’Ordre des enseignants, l’enfance en difficulté, la gestion et gouvernance des conseils et finalement les biens immobiliers scolaires.

Nous sommes heureux de constater dans ce projet de loi plusieurs modifications qui pourront améliorer des aspects importants du secteur de l’éducation en Ontario.

Ce projet de loi aura des impacts importants sur la structure scolaire. Ses modifications doivent se faire dans le respect de la spécificité de l’éducation de langue française et de son caractère catholique.

Plus particulièrement dans le cadre de la partie XI.1 de la loi 98 de 2023 ajoute certains membres du personnel à une évaluation de leur rendement soit les directeurs de l’éducation aux directeurs d’école, directeurs adjoints et agents de supervision. Essentiellement, la loi autorise le gouvernement à décider du processus d’évaluation pour ces membres du personnel.

Il est donc important que cette modification maintienne une gouvernance équitable dans l’ensemble des conseils scolaires et tienne compte de nos standards d’évaluation. Nous appuyons ce changement si l’évaluation est supervisée et prise en charge par nos conseils.

Démarche

Un des premiers éléments visés par le gouvernement au niveau de la gouvernance des conseils scolaires concerne le processus d’évaluation du rendement de la direction de l’Éducation, et il y en a plusieurs autres au niveau de la gouvernance des conseils scolaires, dont ; le code de conduite, la formation, la gestion des tables politiques pour n’en nommer que quelques-uns.

Nous avons de grandes préoccupations liées à l’ajout des directeurs de l’Éducation à la liste des employés des conseils scolaires qui doivent faire l’objet d’une évaluation de rendement dont les modalités sont dictées par règlement du gouvernement.

  1. La direction générale d’un conseil scolaire est sous son contrôle exclusif en vertu de l’article 23 de la Charte. La Cour suprême du Canada est claire : les conseils scolaires de langue française ont le pouvoir exclusif relatif à « la nomination et la direction des personnes chargées de l’administration » des écoles de langue française [renvoi à Mahé c Alberta, [1990] 1 RCS 342, 394–95].
  2. Dépendamment de la mesure dans laquelle l’évaluation du rendement sera déléguée aux conseils scolaires eux-mêmes [renvoi à l’article 287.4 (2) de la Loi sur l’éducation], cette partie du projet de loi 98 pourrait se révéler en contravention des prescriptions de la Charte en ce qui a trait aux conseils scolaires membres de l’AFOCSC.
  3. Le processus d’évaluation de la direction de l’éducation doit être géré uniquement par l’employeur, soit les tables des conseillers et conseillères scolaires, car il s’agit d’une responsabilité inhérente de l’employeur.
  4. En somme, l’AFOCSC s’oppose à ce que les directeurs de l’Éducation fassent l’objet d’une évaluation de rendement dont la mesure est dictée par le gouvernement plutôt que par les conseillers et conseillères scolaires.

Les conseils scolaires ont déjà des processus d’évaluation de rendement précis pour les directions de l’éducation, l’AFOCSC n’est pas d’avis de faire des changements sur le processus courant. Nous ne sommes cependant pas opposées à la suggestion de modèles non contraignants pouvant être adaptés au besoin par chacun des conseils scolaires catholiques de langue française et nous offrons notre soutien à la standardisation des critères et à la modification des processus en place.

Comment aider :

Assurer une bonne communication avec le gouvernement, afin de développer une solide collaboration et une meilleure planification entre notre association et nos conseils scolaires, pour le bien-être de tous !

Faire un rappel aux intervenants gouvernementaux que la gouvernance est l’outil de gestion exclusif des conseillères et conseillers scolaires catholiques pour l’éducation de langue française en Ontario.

Approche du Gouvernement :

Le ministère de l’Éducation a invité les intervenants à présenter leurs commentaires sur les critères d’évaluation du rendement des directrices et directeurs de l’éducation. Pour ainsi établir un processus d’évaluation propre aux membres de la direction.

Défis

Considérant les raisons citées plus haut, et en raison du fait que les conseils scolaires ont présentement des processus solides d’évaluation du rendement pour la direction de l’éducation qui tiennent compte de leurs particularités, l’AFOCSC est d’avis que seule « l’obligation même d’avoir un processus d’évaluation en place » devrait être dictée par le règlement et non les paramètres, objectifs et détails liés à ce processus.

Comme nous l’avons déjà mentionné dans notre mémoire initial lors du dépôt de la loi 98, « Nous tenons à souligner que la démarche de consultation devrait être un processus qui va au-delà du seul moment entourant l’adoption d’un projet de loi. La consultation entre le ministère de l’Éducation et les associations qui représentent les conseils scolaires est un processus qui doit être continu afin que les points de vue des parties prenantes soient colligés et pris en considération de sorte qu’ils puissent véritablement influer sur les décisions. La consultation ne retarde pas inutilement la prise de décision, mais l’éclaire, la facilite, l’oriente en fonction des réalités de chaque région, chaque communauté.

Plusieurs articles du projet de loi 98 confèrent au ministre de l’Éducation ou au gouvernement des pouvoirs règlementaires. L’étendue des changements à venir est donc imprévisible au stade de l’adoption du projet de loi 98 puisque son plein effet ne se fera sentir que lorsque les règlements seront édictés. Puisque ces derniers risquent d’affecter les droits constitutionnels de ses membres (protégés par l’article 93 de la LC1867 et 23 de la Charte), l’AFOCSC demande à être consultée avant leur édiction. » 1

« Chaque conseil scolaire de l’Ontario est régi par des conseillères et conseillers scolaires. Ceux-ci jouent un rôle essentiel en matière de leadership, car ils s’assurent que les écoles respectent les normes établies par le gouvernement provincial et qu’elles offrent des programmes et des services qui répondent aux besoins des communautés diversifiées qu’elles desservent.

La gouvernance détermine comment un conseil scolaire fonctionne et se conduit. En fournissant un cadre et des processus pour l’exercice du pouvoir décisionnel, elle exige des dirigeants qu’ils fassent preuve d’un leadership éthique et donnent l’exemple à ce chapitre. Les conseils scolaires sont l’incarnation de la gouvernance en action au niveau local. En prenant des décisions et en adoptant des politiques et des directives administratives, ils sont responsables d’utiliser efficacement les fonds publics pour créer les conditions qui permettront à chaque élève d’atteindre des normes de rendement élevées, pour établir une culture axée sur le bien-être et l’inclusion et pour faire en sorte que les milieux d’apprentissage soient sains et équitables.

La gouvernance est l’exercice de l’autorité, de l’orientation et de la responsabilisation au service de l’objectif moral supérieur de l’éducation publique. Une structure de gouvernance définit les rôles, les relations et les paramètres de comportement du conseil et de son personnel. Les lois, et en particulier la Loi sur l’éducation, contribuent à définir les structures de gouvernance, les pouvoirs et les processus des conseils scolaires. Cette loi et ses règlements établissent le cadre de gouvernance d’un conseil scolaire, y compris les rôles et responsabilités respectifs du conseil, de chacun de ses membres, de sa présidente ou son président et de la direction de l’éducation. »2

Documents de référence :

Évaluation du rendement de la direction